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« Pour un travaillisme écologiste, réunissons la France des RER et des TER »

Nous avons une dette écologique, mais qui la paiera ? Loin sans doute de ce qu’entend la nouvelle ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, lorsqu’elle parle d’« écologie populaire », les milieux populaires ont peur que la facture leur soit présentée, eux qui sont sans cesse plus précarisés. Or, alors que la nature est aimée du plus grand nombre, les peuples se mettent à haïr l’écologie. Comment dépasser ce ressentiment qui pourrait ruiner les efforts de transition à peine amorcés ? En faisant du travail et des savoir-faire des catégories populaires les moteurs mêmes de la transition. Sur quelles filières et sur quels métiers doit-elle reposer ? Quelles catégories sociales doivent la porter ? Quelles forces politiques peuvent activer cette ardente nécessité ?
A peine créées, les institutions dédiées à la planification écologique peinent à trouver leur place. On considère qu’il y a des problèmes plus urgents. Ce qui devrait être la matrice de la grande transformation du système productif et de toutes les politiques publiques finit par devenir une variable d’ajustement. C’est que, prisonniers d’un imaginaire obsolète qui oppose économie et écologie, les décideurs ne parviennent pas à voir comment celle-ci pourrait répondre aux aspirations populaires.
Porter ces aspirations, la droite ne le veut pas, la gauche ne le peut plus et les écologistes ne le peuvent pas encore. Pourquoi ? Parce que aucune de ces forces n’a de base sociale suffisamment large pour mener quelque politique transformatrice que ce soit. Pourquoi cette base sociale ne s’est-elle pas constituée ? Parce qu’elle a été dissoute depuis le « tournant de la rigueur » dans les années 1980 et la conversion au libéralisme et à la désindustrialisation, tandis que les écologistes attendaient la fin du travail. C’est à cette date que les milieux populaires ont été abandonnés, y compris par la droite, laquelle a contribué à la disparition d’une large partie de sa propre base sociale – petits paysans, artisans et commerçants –, délocalisant et « ubérisant » la plupart de ces métiers au profit des cadres, de la finance et des grands groupes internationaux.
Comment, dès lors, ces milieux populaires pourraient-ils faire confiance aux forces politiques qui ont procédé à leur précarisation ? Avec la transition écologique, telle que pensée par le régime libéral et ses élites diplômées, ils entendent en effet : « On va devoir se débarrasser de vous, de vos voitures polluantes, de vos maisons mal isolées, de vos métiers dépassés… » Dès lors, l’écologie ne peut être vécue que comme une menace.
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